Carlota Guerrero, Nude label



Botticelli peut aller se rhabiller, Carlota Guerrero a enfin compris ce qu'était une "Vénus". La photographe espagnole, à l'esthétique poétique et percutante, s'est faite remarquée en 2016 en réalisant la cover de l'album de Solange "At Seat at the Table". J'ai alors découvert cet univers à la fois doux et mélancolique, ou le corps y est magnifié, voire divinisé.

Elle questionne et explore dans son travail les diverses représentations du corps dans l'art, de l'antiquité à l'art contemporain, en passant par la Renaissance. Dans ses photos, les corps sont alors semblables à des statues, prenant des poses théâtrales, semblant prêts à poser pour un tableau. La Vénus, l'Ephèbe, les couleurs douces, les drapés, l'épuré : tous les symboles classiques de l'esthétisme sont convoqués et revisités pour jouer malgré tout des scènes bien modernes. 


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Carlota Guerrero, Wald Berlin


Lors de la prise de vue, les modèles sont acteurs, balayant d'un revers de main la passivité d'un corps, s'offrant lascivement à un objectif. Ils agissent, se meuvent, comme si ils effectuaient une performance artistique, pour ensuite être figés sur le vif par la photo, devenant ainsi un témoin. Dans ses séries  "Projet A", "Maria Morgui" ou encore "Drained sun o sol drenado", les modèles se mettent en scène dans des chorégraphies expérimentales. Tout le talent de la photographe réside dans le fait que le simulacre devient norme, et inspire une spontanéité déconcertante. Magnifiant le corps de la femme sa beauté au naturel, Carlota Guerrero nous donne ainsi à voir des Vénus des temps modernes, lumineuses, aériennes et affranchies.

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Carlota Guerrero, Outtakes, POP Magazine



Ma série favorite est sans conteste "La danse", réinterprétant sous forme de performance le chef d'oeuvre du même nom de Matisse. Selon la critique d'art Alejandra Smits, cette danse incarne parfaitement ce motif de l'éternel recommencement, par cette ronde infinie. Les choses ne seraient  en effet jamais complètement crées ou détruites, mais elles ne feraient que changer de forme en fonction du temps ou des situations. On observe donc ces cinq femmes, connectées entre elles, se mouvoir continuellement, et partager une énergie dont on ne connait ni le début, ni la fin. 


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La Danse, Matisse




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La Danse, Carlotta Guerrero


Par son travail et sa recherche continuelle de la portée symbolique, Carlota Guerrero est à mes yeux l'une des ces rares artistes à explorer avec autant de délicatesse et de sensibilité des questions liées au corps et à sa destinée. Après s'être illustrée dans un certain nombre de projets artistiques et certaines commandes réalisées pour des marques triées sur le volet (Carhartt, Paloma Wool, Dior, Givenchy, Oysho etc.), elle s'est dernièrement mise à réaliser des projets teintés d'un engagement idéologique plus prononcé. 

Ainsi, le shooting "x-Playboy" réalisé pour le célèbre magazine érotique fait prendre une toute autre dimension à sa démarche. En choisissant d'honorer cette commission, elle s'engage ainsi à réinventer l'érotisation du corps de la femme, au prisme du "female gaze". Elle donne à voir des corps dont la nudité est norme, exposés publiquement, sans aucune pudeur dans les rues de Barcelone. Pourtant ici, aucun exhibitionnisme. Les photos sont d'une telle douceur, les positions des modèles tellement stylisées, les femmes si fières et nobles dans leur attitude, que cet érotisme inspire plus l'admiration qu'un désir purement animal.


x Playboy Carlotta Guerrero


x Playboy Carlota Guerrero


Comment porter des bas blancs, des chaussures de Drag Queen, exhiber fièrement sa nudité et ses tatouages tout en ayant l'air d'une vestale romaine ? C'est ici toute la délicatesse de l'art de Carlota Guerrero, nous invitant à voir le sublime féminin y compris dans un contexte pornographique, n'enlevant rien à la désirabilité du corps. La photographe s'était déjà essayée à ce traitement esthétique de codes érotiques dans sa série "Ecosexuals", représentant le corps humain comme un fruit de la nature, de la terre, issu des minéraux et des matières premières. La nudité et la représentation du sexe est juvénile, sans arrière pensée. Le corps y est exposé pur, dans toute sa force et sa beauté. 

Le ton se durcit quelque peu dans sa dernière série, "Celebracion Sexual". Les modèles, parées de sous vêtements et/ou de peinture corporelle d'un rouge criard, défilent fièrement dans les rues de Barcelone (encore !). Cette fois, nous sommes plus sur le motif de la manifestation, de la "horde" revendicatrice, venant exhiber fièrement leur corps de femme. Une projet qui voit le jour peut après l'interdiction quasi totale à l'avortement dans l'Etat de l'Alabama aux Etats-Unis, qui n'est pas sans rappeler ce sang inhérent au destin de la femme. Ce rouge, c'est également toutes les violences que subit continuellement le corps d'une femme, qu'elles soient symboliques ou physiques. Et cette monstration, ce défilé de "guerrières" affichant leur corps avec fierté et détermination, devient alors une réponse. Non les femmes ne plieront pas, elles ne renonceront pas à leur féminité, ni ne laisseront pas non plus leur corps sous contrôle patriarcal. Elles feront faces, ensemble, unies.



Celebracion sexual, Carlota Guerro


On suit son Instagram @carlota_guerrero et on visite son site internet : http://carlotaguerrero.com/


Sophie


Les Vénus engagées de Carlota Guerrero




The couple stores cookware, baking dishes, and linens in an antique cabinet near the kitchen. The floor lamp is a Danish Mads Caprani Bentwood Lamp that Caroline acquired from her father.
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Linens on the bed are a mix of Society, Aiayu, and Ambatalia. The bedside lamp is a Stoneware Lamp by Per and Annelise Linnemann-Schmidt for Palshus with a cloth shade by Christopher Farr.
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Inside Caroline Feiffer’s Light-Filled Copenhagen Apartment
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Inside Caroline Feiffer’s Light-Filled Copenhagen Apartment
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J'adore les tons neutres et l'atmosphère douce mais chaleureuse de l'appartement de la designeuse Caroline Feiffer à Copenhague. Bien que ce décor soit composé d'une sélection léchée d'objets, bien  souvent - soyons honnêtes - hors de prix - j'ai voulu vous proposer une shopping list déco pour recréer cette atmosphère cosy, sans se ruiner !

Get the look, à prix plus abordable !


  




Photos : Katrine Rohrberg



OBJETS :

http://www.fleux.com/lampe-de-table-matin-l-blanc-hay.html 
https://www.fleux.com/coussin-eclectic-caramel-50-x-50-cm-hay.html 
http://www.habitat.fr/p/jules-canape-2-places-en-tissu-beige 
https://www.fleux.com/vase-muses-ania-blanc-ferm-living.html 
https://www.habitat.fr/p/lise-set-de-3-vases-organiques 
https://www.bonsoirs.com/products/parure-percale-de-coton https://www.selency.fr/produit/XZxb1TX/lot-de-6-chaises-de-salle-a-manger-60v-martin-visser-pour-spectrum.html 
https://www.fleux.com/abat-jour-faces-lin-l-hk-living.html https://www.ikea.com/fr/fr/p/taenkvaerd-fauteuil-rotin-00429389/

Mood : l'intérieur edgy de l'appartement de Caroline Feiffer




art fashion mode vase mannequin paloma wool
Paloma Wool



Je me pose continuellement cette question qui a taraudé bien des âmes avant moi : quel sens donner à sa vie ?  Comment s'assurer de faire les meilleurs choix ? Si jusqu'à très récemment la réponse s'est trouvée pour toute une génération dans la morale religieuse et ses rassurantes règles de conduite, les choses sont aujourd'hui nettement plus complexes. A l'ère du #Metoo, des discriminations raciales, de la crise écologique, de l'hyper-consommation, la perte de sens est abyssale.  Par ou commencer ? Une des réponses que "l'internet culture" a trouvé à ce questionnement est un fort retour du "mysticisme", de l'astrologie, ou encore de la sorcellerie, permettant de recréer des rites et des pratiques visant à atteindre la pleine connexion à soi même, une forme de purification en somme. En croyant ainsi à l'existence d'une réalité autre, il suffit alors d'ordonner sa vie dans ce sens. Mais que faire si on n'adhère pas à cette spiritualité 2.0 ?

Retour à l'antiquité

C'est là que les grecs volent au secours de notre présent selon Foucault ou encore Nietzsche. Foucault explique que dans ce monde ou la conception de la morale comme simple "obéissance à des règles" est en train de disparaître, la recherche d'une esthétique de l'existence, inspirée de la philosophie grecque, apparaît comme une solution. Dans l'antiquité, concevoir sa vie comme une oeuvre d'art personnelle était au cœur de l'expérience morale. L'esthétique et la beauté seraient ainsi pensés comme des notions pouvant régir l'existence pour la faire tendre vers une forme d'éthique et de bien.

Image associée
Paloma Wool

Pour mieux comprendre cette notion, Foucault a donc étudié les mouvements dans l'histoire ayant mis l'esthétique au centre de leur vie, de l'antiquité au dandysme, en passant par le Renaissance : « voilà ce que j’ai essayé de reconstituer : la formation et le développement d’une pratique de soi qui a pour objectif de se constituer soi-même comme l’ouvrier de la beauté de sa propre vie ». Cette inspiration antique de la démarche esthétique comme art de vivre nous éclaire davantage sur la tendance actuelle du "néo antique" d'un certain nombre de marques. On pense aux éphèbes réinventés de l'artiste & designer Luke Edward Hall, aux Vénus 2.0 de Paloma Wool, ou encore des muses solaires de Pamela Card jewelry. Par ces objets mêlant finesse et art, on nous donne ainsi les outils pour être les "ouvriers de la beauté" de notre quotidien. En ce sens, l'antiquité inspire de par sa recherche de beauté dans les détails & sa noblesse d'esprit, venant styliser l'existence, et ainsi la hisser sur un pied d'estale. 

L'acmé de l'individualisme ?

Ce principe de vie n'est cependant pas à confondre avec une apologie de l'individualisme, d'un esthétisme passif et matérialiste. Foucault théorise cette idée durant les mouvements libertaires liés à Mai 68. Contre l'impérialisme capitaliste, on proclame la liberté, et notamment la liberté individuelle. On se penche sur la culture gay, les gender studies font leur apparition, la culture vegan est en plein boom. Bref, c'est l'essor de l'épanouissement personnel et de libération de soi. Mais est ce que l'ultra individualisme est souhaitable ? Non, car il nous déconnecte d'autrui, de la société. Faire de sa vie une oeuvre d'art serait en ce sens un moyen de repenser le rapport à soi mais également à l'éthique. Chez les grecs, l'ascèse, la purification, l'examen de conscience étaient pratiqués mais ne servaient pas à se déchiffrer ou encore percer le secret de son âme, mais à se transformer, se façonner.  Foucault se pose alors cette question : et si nous étions un objet que nous devions façonner, pour mieux figurer dans le tableau d'ensemble ?

 « Ce qui m’étonne, c’est le fait que dans notre société l’art est devenu quelque chose qui n’est en rapport qu’avec les objets et non pas avec les individus ou avec la vie (…). Mais la vie de tout individu ne pourrait-elle pas être une œuvre d’art ? Pourquoi une lampe ou une maison sont-ils des objets d’art et non pas notre vie ? »  Michel Foucault.


Pour une esthétique de l'action 

Faire de sa vie une oeuvre d'art n'est donc pas seulement devenir un esthète déconnecté du réel, se vautrant dans les possessions vaniteuses, n'ayant que pour seule religion un paraître maîtrisé.  Cela est même le contraire de cette culture du "bien être" et matérialiste, nous enjoignant à créer une "bulle" pour nous couper du monde. Nietzsche nous invite en ce sens à devenir moins passifs, à cesser de céder au divertissement et à davantage considérer le monde comme un vaste terrain de jeu dans lequel notre vie serait une oeuvre d'art aussi sublime que celle des héros grecs.

Faire de sa vie une oeuvre d'art, c'est refuser le fatalisme, c'est croire en son autonomie. La démarche artistique et la recherche d'esthétisme peut donc au contraire nous faire aborder une approche plus constructiviste, voire même thérapeutique. Se sentir bien en créant, donc en s'ouvrant, et non en se coupant des autres, c'est nous rendre plus emphatiques, et donc plus humains. C'est enrichir nos expériences du réel, créer de nouveaux modes de vie, profitables à tous. Edouard Delruelle proposait en ce sens d'expérimenter la vie comme art par la création de petites communautés de personnes, développant un nouveau type de style de vie. C'est justement le cas de la marque Paloma Wool, qui propose une expérience de vie complète, faite d'objets mode à la chaîne de production éthique, tout en proposant une expérience du corps basée sur l'art. On achète pas seulement un objet mais une expérience artistique, une performance globale à laquelle on prend part. C'est un mon sens l'un des plus beau projet illustrant cette démarche actuellement.


« Nous avons à peine le souvenir de cette idée dans notre société, idée selon laquelle la principale œuvre d’art dont il faut se soucier, la zone majeure où l’on doit appliquer des valeurs esthétiques, c’est soi-même, sa propre vie, son existence. » Michel Foucault



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Carlota Guerrero

La recherche d'esthétique, de beau, d'exigence ne doit pour autant pas être réservé aux élites. Sur le site Semaine.com, faisant le portrait de créatifs inspirants, on y rencontre des boulangers, des artisans, des libraires, des designeurs, des médecins, des athlètes, des restaurateurs .... Tout à chacun est éligible à une esthétique de l'existence, à être soi même, dans une quête mêlant beau & authenticité. N'est ce pas également un moyen de réduire les écarts entre les hommes, en ne réservant pas le beau à certains, mais en en faisant un principe accessible à tous? Nietzsche souligne en ce sens que c'est justement l'esthétique bourgeoise qui a créé le glissement de "l'art pour l'art", et qu'il faut ainsi éviter l'écueil de "l'art désintéressé" (Kant).

En somme faire de sa vie une oeuvre d'art serait alors une recherche de réassurance dans le beau ainsi qu'une exigence à se façonner de la plus belle des façons pour se transformer en acteur, construisant le réel. Pour les grecs, l'esthétique appliquée à la morale servait ainsi à créer des citoyens modèles dans la cité, et ainsi constituer une meilleure société des hommes. Plotin résume parfaitement notre nouveau credo :


« […] enlève tout ce qui est superflu, redresse ce qui est oblique, purifiant tout ce qui est ténébreux pour le rendre brillant, et ne cesse de sculpter ta propre statue […]. »  Plotin


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Carlota Guerrero



Sources :

Michel Foucault, L’herméneutique du sujet. Cours au Collège de France, 1881-1982, Gallimard /Seuil, p. 241.

La vie comme art



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Rachel Nguyen




Il n'est pas toujours aisé de garder la motivation nécessaire à la création. Créer demande une légèreté d'esprit, une disponibilité qu'il n'est pas toujours simple d'avoir dans notre quotidien routinier et nos sociétés normatives. Comment rester connectée à son inner fire ? Comment s'organiser ? Comment transformer le stress et la pression quotidienne en une force créatrice ? Rachel Nguyen, bloggeuse & Youtubeuse, nous partage ses tips de freelance dans la beauté et la mode pour vous inspirer.


Etape 0 : L'éveil



Rachel, c'est elle. Une fille sympa, souriante, et accessible. Son métier ? On ne sait pas trop et c'est ça qu'on adore. Bloggueuse mode de la première heure, elle a ouvert "That's Chic" en 2007. Elle poursuit ensuite sa lancée en ouvrant sa chaîne Youtube, sous le même pseudonyme. Sa notoriété explose, les demandes de partenariats affluent, et la notre Rachel se demande clairement quel type de monstre elle était en train de devenir. Affligée par la superficialité, la vanité et le manque de sens de son nouveau job "d'influenceuse", elle arrête tout pour se reconcentrer sur elle même.

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Elle revient alors au blogging sous une forme plus mature, armée d'une véritable démarche créative, et fait de son blog un lieu d'expression de ses humeurs, ou elle se met à y raconter des histoires. Aussi, elle décide de ne plus faire de l'influence son unique source de revenu, et se met à travailler en tant que freelance pour des marques. 



  

Loin d'être persuadée d'avoir atteint le firmament, elle partage humblement chaque fin d'année un recap pour aider à se booster & à se motiver pour l'année à venir. Clairement, celui de 2018 est la pour vous donner la banane et vous faire démarrer du bon pied. Et bonne nouvelle, on peut prendre sa dose à tout moment de l'année. Alors, suivons Rachel.

Etape 1 : On se détend

Dans cet état de névrose, désolée de vous apprendre que vous n'arriverez à rien. La première chose à faire est de R.E.S.P.I.R.E.R. Seule et unique solution pour repasser sur un mode constructif. Si comme moi vous avez une fâcheuse tendance au spleen et à la saturation de votre cerveau pour cause de génération d'un trop plein de pensées, le mieux dans un temps 1 est juste de lâcher l'affaire, faire le vide. Et Rachel va vous expliquer comment.


 
  

Ça va mieux ? On continue !


Etape 2 : Se stimuler intellectuellement

Pas toujours facile de savoir ce que l'on veut. Surtout lorsque chaque fois que nous nourrissons quelques élans champêtres on nous rabâche assez violemment que nous sommes trop idéalistes, et qu'il vaut mieux garder sa créativité au placard car hélas - aussi mignonne soit-elle ! - elle ne nous donnera jamais de travail. Bon. Super. On peut aussi déjà avoir un métier créatif et désespérer de la précarité et de la fausseté du secteur ...

Mais il ne faut pas perdre espoir. A défaut d'avoir un objectif clair, on peut commencer par développer son intuition. Et pour se faire, rien de mieux que de rester curieux, de développer ses connaissances, de s'ouvrir au monde. Encore une fois, on suit le guide :



Etape 3 : On apprend à mieux gérer son temps

Le temps, c'est précieux. Si vous vous laissez continuellement sucer le cerveau par Netflix, pas étonnant que vous soyez en dep. Il faut apprendre à l'optimiser et s'accorder de vraies fenêtres de créativité. Rachel nous explique tout ça, avec légèreté et finesse :



Pour rendre les choses concrètes, on se prête à l'exercice du Bullet Journal, assez utile pour mettre de l'ordre dans ses pensées :




Etape 4 : Get wild


Maintenant que les bases sont posées, l'heure est à la construction. Que vous soyez déjà freelance ou que vous songiez à le devenir, Rachel nous éclaire sur ce nouvel eldorado des jeunes générations créatives, et partage ses conseils basés sur son expérience personnelle. Etre freelance ne correspond pas à tout le monde, demande beaucoup d'organisation, et cela crée une plus grande précarité ... dans le même temps, vous devenez maître de vous même et pouvez construire votre champ d'expression ... Rachel pèse le pour et le contre.



Etape 5 : Le Retour de la dépression

Il ne fallait pas croire que ça allait être si facile. Bien sûr, alors que vous vous sentirez portée par la muse, le spleen reviendra vous charmer de ses plus beaux atours. Sauf que cette fois, la crise sera bénéfique, voire même révélatrice. C'est elle qui vous mènera sur le chemin de la vérité.

Méga Bad :


Vérité :


Etape 5 : On trace son chemin

C'est bon ! Vous êtes fin prête. C'est sur, vous allez bâtir un empire. Ou pas. Mais maintenant, vous êtes motivée comme jamais, prête à réunir une armée de marcheurs blancs pour atteindre vote objectif. Et c'est ça qu'on aime. Allez hop, on construit sa feuille de route :





Alors ça va mieux ?
Perso, c'est grâce à elle que j'ai trouvé l'énergie de lancer ce blog !


Bonus :

Vous n'en avez pas eu assez ?
Sachez que Rachel propose un MOOC à destination des freelances pour rester organisé & efficace dans le lancement de son propre business sur le style School by KP, c'est par ici !

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Love, Sophie 💖

Guide : comment rester motivée et créative ?



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Jeanne Damas



On ne va pas se mentir, être première de la classe et être la cool girl du lycée semblent de prime abord pas vraiment compatibles. 

Prenons mon cas. Pendant très longtemps, je n'ai pas trop fait attention à mon image. Mon principal objectif était d'avoir de bonnes notes et d'abreuver de connaissances ma curiosité insatiable. J'assimilais alors dans mon esprit les filles prêtant trop attention à leur physique à des filles superficielles. Une équation simple et efficace, qui me permettait de rester concentrée sur mon but. Après mon BAC et donc pour mon entrée en prépa, recevant de plus en plus de compliments sur mon apparence, j'eus envie de soigner davantage mon corps. Avant d'être "femme", il allait bien falloir que je sois "fille". Je me suis alors plongée dans l'univers des blogs modes, suivant avec avidité les looks et les lifestyle edgys des blogueuses de l'époque. Une de mes favorites était sans conteste Jeanne Damas qui me fascinait par sa vie de faste qui était aux antipodes du quotidien monacal que m'imposait l'hypokhâgne. 

Le rêve
Le nécessaire "summer" de la khâgneuse



Très vite, je suis passée de la curiosité à l'obsession. Rien n'allait. Tout était à refaire. Mes cheveux partaient dans tous les sens, je passais mon temps à vérifier mon reflet dans le miroir, je faisais des petits boulots dans l'unique but de bâtir la garde robe que je méritais. Bref, je n'avais alors plus qu'une chose en tête : être belle, ou du moins tenter de l'être.

Dans ce contexte, vous imaginez sans peine le bien INCROYABLE que me firent mes premières lectures féministes. En lisant Beauté Fatale de Mona Chollet (entre autres), je compris pourquoi tout en ayant conscience que le bonheur obtenu dans des choses « immédiates » et matérielles n’était pas absolu, de la part de superficialité qu’il y avait dans ces « passions », je les désirais malgré tout avec une ardeur folle. Car en tant que femme,  j’étais assujettie à un devoir de beauté. Et tout en étant dotée d'un esprit critique et en ayant conscience de ce phénomène vicieux, je me faisais un devoir de  me réaliser pleinement dans le désir de l’autre. 

Cependant, quelques questions demeuraient encore à mon esprit. Est ce que, par conséquent, la coquetterie est forcément mauvaise et condamnable ? Ne peut on pas être esthète et savant ? Une femme intelligente doit-elle forcément rejeter tout souci de son apparence? 


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Jeanne est pantoise


Quand on regarde les moeurs de la Grèce antique, on observe que ce sont davantage les jeunes éphèbes qui étaient les victimes des injonctions de l’époque. Si il y avait la belle Aphrodite, il y avait surtout le bel Apollon, portant cet idéal du corps de l’athlète et du soldat, incarnation suprême du beau dans une société extrêmement masculiniste. La femme n’était qu’un objet, servant à la reproduction. Elle est naturellement belle ou elle n'est pas. Le véritable amour, le plus pur, ne pouvait être qu’entre deux hommes, car désintéressé de toute nécessité de survie de l'espèce. C’est donc entre hommes que se jouait la séduction. Par la suite, "être beau", dans les sociétés aristocratiques notamment, était l’apanage des hommes comme des femmes, souvenons nous du coquet Louis XIV ou encore des dandys du XVIIIeme siècle. Cependant, on observe un glissement au cours du XIXeme siècle, début du XXeme, quand l’habit de l’homme se fait plus noir, plus monotone, la naissance du « costume » et que cette vaniteuse recherche de la coquetterie, ennemie de l’homme sérieux, devient alors purement féminine.

This Ivy House - adreciclarte: by Pietro Perugino
Relou.


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Alors quoi ? Allais je ainsi ployer à renier tout ce qui touchait à mon apparence pour marquer ma différence de femme "d'esprit" ? Non. Car tout est une question de ré-appropriation de la notion de beauté. Et de modération. J'ai lancé le débat avec mes ami.e.s. Nous considérions toutes et tous que renoncer à son "image" serait au final aller dans le sens du cliché d'une femme devant choisir entre légèreté et intelligence, et se limiter là ou un homme n'a pas ce genre d'obligations. Prendre soin de sa féminité, tant que cela ne devient pas obsessionnel, ne doit certes pas être dicté et contrôlé par des hommes mais doit aussi demeurer un droit pour toutes. Y renoncer viendrait à penser la figure de l'intellectuel qu'au prisme de codes masculins : froid, raisonnable, mesuré, élégant, discret. Tant que nous avons à l'esprit qu'on nous a jusqu'ici servit une soupe de la beauté ethnocentrée, transformant le corps des femmes comme un objet malléable à désirs (pilosité, injonction à la minceur, cacher certaines manifestations naturelles du corps comme les règles, faire passer le plaisir sexuel de la femme en second), et que tout ceci avait pour but de pleinement nous occuper et ainsi nous détourner des sujets de fonds, comme la politique, on peut repasser sur un mode plus constructif.

J’aime le fait que la mode nous permette d’écrire notre propre histoire, c’est un moyen d’expression riche, puissant, et d’affirmation de notre singularité face à l’élan normatif de la société. Quand Michelle Obama porte en décembre dernier ses shiny boots Balenciaga lors d'une interview, elle envoie un message fort d'indépendance par rapport à l'image conventionnelle de la "Lady" et de ce qui est normalement d'usage, et affirme ainsi sa personnalité. Cet accessoire d'apparence "girly" vient au final durcir son discours, car il démontre son audace et le fait qu'elle ne recule devant rien. Du côté des militantes féministes, je suis depuis des années la bloggueuse et activiste berlinoise Nike Jane, ayant toujours su conjuguer un discours cohérent avec une utilisation de la mode comme porteuse de ses valeurs. Il n'y a donc pas "la" beauté, mais "sa" beauté, celle qui nous ne culpabilise pas, qui nous fait nous sentir bien et qui nous rend plus forte.

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On adore



En ce sens, et pour en revenir à Jeanne Damas, bien que ses premiers élans furent sous le signe du cliché, jeunesse oblige, elle a su trouver sa singularité et encourager les femmes à faire de même notamment au prisme de sa marque Rouje. C'est loin d'être parfait, mais elle a fait son petit bout de chemin. En entrant dans ce milieu, elle avait tout pour devenir une Chiara Ferragni française : un panneau publicitaire humain à la personnalité inexistante, porte étendard d'une "féminité toxique" (terme employé par Dora Moutot sur son compte Instagam @tasjoui) . A la place, elle a tracé sa voie, est restée fidèle à elle même, et a fini par créer sa propre marque qui pour le coup a son lot de tenues « Man Repeller ».

Allons même encore un peu plus loin. Dora Moutot se pose sur son compte instagram la question de savoir si il existerait une intelligence de la futilité chez les influenceuses. Elle dit à ce propos "Elle a l'intelligence d'avoir compris que l'humanité a tellement peur du vide, que l'incarner veut dire avoir des milliers de yeux d'inconnus rivés sur elle, qui pour se rassurer de leur intégrité et de leur supériorité, n'arriverons plus jamais à décrocher". La vanité, bien qu'elle soit décriée, que l'on snobe ceux qui la célèbrent, force est de constater qu'elle nous obsède, et nous attire. Je pense qu'il suffit de regarder le nombre de followers de Kylie Jenner pour se rendre compte du phénomène. L'apparat et le faste ont toujours été un outil de pouvoir, et Louis XIV en usait et en abusait.

@melisakalan01



En un mot, soyez vous même, achetez les fringues qui vous font vous sentir à l’aise si vous accordez de l’importance à cela. Essayez de ne pas perdre trop de temps la dessus, il faut que ce soit un plus, pas un devoir. Comme disait très justement Daria Marx lors de son intervention au club des Glorieuses, si le temps passé par les femmes à se soucier de leur apparence avait été employé à étudier, bâtir la société, nous serions toutes des prix Nobel. En ce sens il est également plus que légitime d’en avoir tout bonnement rien à faire. Mais il n’y a pas de choix absolu à faire entre être « intello » et son apparence. Vous pouvez être en thèse et dévaliser Zara. L'essentiel, c'est de se sentir en adéquation avec soi même. Soyez juste libre, affirmée, et heureuse. Et lisez !!

Je t'aime 💗
    
Photos : Jeanne Damas & sa marque Rouje

J'aime Jeanne Damas et Platon, est ce grave ?




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Solange Knowles par Petra Collins


Attention, ceci n'est pas un article objectif. Je suis une fan absolue de Solange, je déborde d'admiration pour elle. J'ai toujours apprécié comme elle avait su se servir avec talent de sa place "à l'ombre" pour développer son génie créatif. La sortie de son nouvel album "When i get home" est l'occasion d'un petit tour d'horizon d'une personnalité oscillant entre mystère et sororité.


Beaucoup ont découvert Solange après l' "elevator gate". On se souvient de son "kick" iconique à Jay-Z dans l'ascenseur du Standard Hotel à NYC. Alors qu'il était facile pour ses détracteurs de présupposer une jalousie de Solange envers Beyoncé, on découvre en fait que Solange a agit par une noble colère envers son beau frère après avoir sûrement eu vent de ses tromperies. Finie la soeur jalouse, la weirdo ratée cantonnée à l'ombre, cet épisode a eu pour effet au contraire de mettre en lumière une personnalité entière, qui a toujours su rester fidèle à elle même et à ses valeurs. Elle est fondamentalement opposée à sa soeur, et le vit extrêmement bien.

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Alors que Beyoncé  a eu une découverte plus tardive de son rôle de modèle en tant que femme noire, Solange baigne dedans depuis toujours. Pendant que sa soeur semblait chaque semaine devenir plus blanche et plus blonde, Solange a toujours abordé une magnifique chevelure afro naturelle, et assumé ses traits de femme noire. C'est dans cet état d'esprit que s'inscrit "At seat at the table", son troisième album, qui est une célébration de la culture noire américaine et également de la femme noire. Nettement plus abouti que les anciens, preuve d'un cheminement artistique plus mature, cet album n'était pas un album classique. C'était une véritable performance artistique, une expérimentation transdisciplinaire. Photographiée par l'artiste féministe Carlota Guerrero, cette dernière a su sublimer la poésie et la force de la démarche de Solange. Des images douces mais frappantes, à l'image de sa voix envoûtante délivrant des paroles incisives. Le plus cool dans tout ça, c'est qu'il émane de Solange un pouvoir de réassurance, donnant confiance aux femmes. Elle partage son énergie créative pour insuffler de bonnes énergies. Sa lettre à son "teenage self" est truffée de d'ondes positives.


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Solange by Carlota Guerrero



En ce sens, le sujet des cheveux, capital dans la vie d'une femme noire est d'ailleurs évoqué avec autorité. elle assène la supplication "Don't touch my hair", et compare la chevelure des femmes noires à une couronne, une coiffe sacrée qu'il faut traiter avec respect. Et non un objet de curiosité.

Avec sa tribe de "cool people" comme son ami Frank Ocean, Solange perçoit la musique comme une expérimentation. Ensemble, ils s'échinent à réinventer le R&B avec des acoustiques plus nobles et une virtuosité mystique. Plus globalement, tout ce que fait Solange est cool. De son mariage, à ses shootings magazines, ou ses apparitions lors de grands événements. Tout est sublimement orchestré.


Solange, "Musique pour noir buvant du lait de soja" ?

Lu sur Twitter. Déclaration en réaction à la sortie de son nouvel album, "When I get home". Annoncé sur sa page Black Planet, un réseau social afro américain, l'album/film est sorti dans la plus grande surprise (Vous pouvez voir le film complet ici). So Solange. Mais voilà, son style éthéré ne plait pas à tout le monde.




Pourtant, Solange est d'un engagement sans faille dans la cause noire américaine et lui rend continuellement hommage par l'utilisation de rythmiques langoureuses, empruntées au jazz et à la saoul des premiers jours de la Nouvelle Orléans. Solange initie une expérience, une quête artistique dont le génie et la poésie ne sont pas accessibles au plus grand nombre. Moins abordable que sa soeur, Solange se pose donc en énigme, saisissante, grave et déstabilisante.

"When i get home" est un voyage, un rituel vers un état de méditation basé sur l'intuition. Un attrait évident de la spiritualité, qui est invoquée pour atteindre cet état de "vérité" de soi à soi.  Peut on la blâmer d'oser sincèrement sortir des carcans mercantiles et de se réclamer un "droit" à l'expérimentation ? Je ne crois pas. Sachons célébrer cette "étrangeté" créative, qui nous empêche, dieu merci de vivre dans un monde aseptisé.

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Solange au MET Gala 2018


Solange, sorcière ?

Solange a montré à plusieurs reprises un intérêt prononcé pour la sorcellerie, et notamment le wiccanisme / chamanisme ou encore le vaudou, sans pour autant formellement s'engager dans une pratique. Elle s'était notamment fait remarquée l'année passée au MET Gala 2018 en arborant une bouteille de "Florida Water", soit une sorte d'eau sainte connue pour ses propriétés spirituelles dans les milieux wiccans ou encore dans la pratique du vaudou. Cette eau aide à purifier et stimuler des "bonnes ondes", et tiendrait son nom d'une mystérieuse fontaine de jouvence en Floride.

Les wiccans vouent un culte à la nature, croient en la magie et aux mystères lunaires. On célèbre notamment Artémis ou encore Hécate, en tant que déesses de la lune. Ce dérèglement des "sens" et de la raison qu'elle a opéré a permis un voyage mystique l'ayant fait aboutir à deux albums d'une finesse artistique encore jamais atteinte.

Sur ses croyances, Solange s'exprime non sans opacité. En témoigne ci dessous, sa réponse sur Twitter à un fan la questionnant sur son rapport à la spiritualité. Ni sorcière ni déesse, Solange travaille avant tout à écouter ses désirs, ses émotions les plus profondes.





Solange, la copine

Solange entretient un proximité avec son auditoire, une légèreté qu'on retrouve dans son clip "Binz" issu de son nouvel album. On la voit se déhancher, devant sa caméra, en chantant et dansant comme si elle était face à son miroir. Elle apparaît tantôt pimpée, en tenue paillettes ou tantôt au naturel, affichant même parfois ses aisselles non épilées et ce de manière aléatoire. 





Bref, elle est incroyable. 
On écoute son album 🌙✨




L'odyssée mystique de Solange



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Lucia Zolea


Objet de fantasme il y a quelques années, le selfie s’est démocratisé, au point d’être devenu un geste banal. Tout le monde prend des selfies. De Macron à Kylie Jenner, il n’y a qu’un pas. Si cette pratique jugée démesurément narcissique a d’abord surpris, elle a fini par devenir un moyen de communication plus immédiat, comme en attestent les caméras frontales, Snapchat, Instagram ou encore les filtres en réalité augmentée … Mon image est pensée comme support d’un message.

Fort heureusement, entre les mains des féministes 2.0, le selfie est devenu quelque chose de plus : un outil de réappropriation de la représentation du féminin, bref une arme surpuissante du female gaze. Est ce nouveau ? Non. De nombreuses femmes ont eu recours au cours des siècles à l’auto représentation, à l'exploration de son image par le motif du miroir, comme un moyen de réintégrer leur corps et déconstruire les stéréotypes féminins.

L’auto portrait féminin, un genre à part entière dans l’histoire de l’art

Miroir, mon beau miroir, qui suis-je ? C'est avec surprise que j'ai découvert que dans l’histoire de l’art, l’auto portrait féminin s’avère avoir une fonction radicalement différente du masculin. Alors que les hommes utilisaient l’auto portrait avec beaucoup de grandiloquence et de narcissisme,  pour démontrer entre autres leur aptitudes techniques, booster leur statut social ou encore rendre hommage à d’anciens maîtres, les femmes se montrent plus discrètes et font preuve de plus d’humilité. On note que ce détail est assez drôle quand les femmes furent les premières montrées du doigt dans leur pratique du selfie (évidemment), dénonçant des drama queen vaniteuses, aux moeurs légères et sans pudeur. Passons.

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Sofonisba Anguissola, par elle même.
Un peu figée. 1556



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Vigée Le Brun, par elle même,
 super figée également. 1790



Les femmes étaient plus discrètes donc, mais non par manque d’ambition. Disons que jusqu’au 19ème siècle, elles faisaient figure d’exception dans un milieu artistique très masculin, et que l’auto représentation était utilisée pour montrer que elles aussi, elles savaient peindre. Et quelle meilleure publicité que se représenter pour promouvoir son talent ? Evidemment, il était déjà facile à l’époque d’accuser les femmes de vice de vanité et de leur reprocher d'ainsi vouloir se noyer dans leur propre reflet. On cherchait alors à ramener les femmes au seul type de création pour lequel elles étaient toutes désignées : enfanter.

Les femmes artistes devaient donc redoubler d’ingéniosité et de motivation pour exister. Un jeune homme plein de talent était un génie, tandis qu’une jeune fille aux aptitudes exceptionnelles était une weirdo finie.

L’auto portrait était donc un moyen de défendre leur talent, montrer un fini technique parfait, tout en se représentant en femme de bonnes moeurs. Conclusion, hommes et femmes ne pouvaient se représenter de la même manière, car ils n’étaient pas égaux. On repassera donc pour le drama féminin.

Dieu merci, le 20eme fut la fin des tabous. On fait fit des conventions, on s’auto représente avec des codes masculins si on en a envie (On pense à Gluck et son sublime béret). On se représente nue, on se débarrasse de la pudeur pour découvrir ce à quoi ressemble vraiment son corps. Le miroir devient le symbole d’une recherche de la vérité derrière la surface. l’heure n’est plus à la simple représentation, nous sommes  davantage face à un cheminement ontologique : qu’est ce que l’humain ?


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The two Fridas, Frida Kahlo, 1939

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Gluck



Et puis il y a Frida Kahlo. Ses auto portraits sont des journaux visuels de ses émotions, de ses joies comme de ses névroses. C’est la première à faire entrer la douleur et une forme de violence dans l’auto portrait féminin.

Ce dernier devient alors le lieu de revendications plus politiques, en dénonçant la complexité d’être une femme, et en abordant notamment le sujet des menstruations (on pense notamment à l'oeuvre marquante de Juy Chicago, The Red Flag). Le corps n’est plus seulement montré comme un objet désirable, mais comme un moyen de combattre les préjugés moraux.

Le Selfie : d’objet trivial à la performance artistique féministe 

Le selfie, digne héritier de l’auto portrait ? Frances Borzello, auteure de Seeing Ourselves, n’est pas de cet avis. Pour elle, cette trop grande accessibilité de la pratique, cette immédiateté nie toute la profondeur théorique des artistes.

Le selfie a en effet été démocratisé au prisme de la famille Kardashian et notamment la grande soeur Kim, dont Kylie Jenner, la petite dernière, est la digne héritière. Chez elle, la préparation et le travail sont constants pour être sans cesse photogénique. Elle est devenue l'incarnation humaine d'un fantasme sexuel masculin, une sorte de poupée gonflable en vie. Bon, on passe notre tour.

La réponse des féministes 2.0 : le body positivism, l'essor des sororités. Des artistes féministes comme Petra Collins, Monica Hernandez ou encore Ashley Ermitage, qui bousculent sévèrement les codes. Le selfie est ici récit à visée cathartique, permettant l’exploration de soi. On joue avec les codes, on ne se montre pas toujours sous son meilleur jour. On s’amuse avec son image, elle nous appartient, enfin! Le philosophe Hegel disait en ce sens que la quête de reconnaissance, c’était aussi qu’autrui reconnaisse ma liberté. Et la, on est en plein dedans.

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Petra Collins


C’est donc le « body positivism » qui règne désormais sur les réseaux féministes, c’est à dire la célébration de la diversité des types de silhouettes et le fait de s’abstenir de critiquer les corps. L’atmosphère « body-positive » s’installe par la spirale du partage et l’apprentissage d’une nouvelle manière de regarder, qui pousse les jeunes femmes à s’exposer. Cela fini par créer un nouveau discours visuel, dans lequel la beauté n’est pas normative et reflète une esthétique plus personnelle poussant à la redécouverte et l’acceptation de soi. On accepte aussi de ne pas toujours se montrer souriante, heureuse, comme toutes les femmes sont sensées être. Cette injonction au "sourire" qui doit venir gracier le visage des jolies jeunes filles est volontairement rejeté. On se montre grave, on ne cache plus son mal être. On pleure, on le montre, et ça fait du bien.


Les artistes de l’ère instagram utilisent le selfie pour déconstruire des stéréotypes féminins, et se réapproprier les incriminations d'une féminité non normée (pilosité, poids, parties génitales, etc.) pour les esthétiser et en faire des motifs de fierté. On s’aime juste telle que l'on est. Les codes normatifs et consuméristes de l’esthétique classique sont remis en question pour affirmer un nouveau type de beauté. En ne se montrant pas sous son jour le plus attractif pour un homme, ces femmes se désexualisent et contrôlent leur image en se débarrassant de l’étiquette « objet sexuel ».



@Monicagreatgal


Plus encore, le selfie sert de porte étendard aux causes politiques, que ce soit le mouvement #metoo, se battant contre les violences faites aux femmes, aux mouvements de femmes racisées comme le #donttouchmyhair démocratisé par Solanges Knowles, parlant de cette tendance à toucher les cheveux des femmes noires, considérés comme des objets de curiosité.


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Donc en somme, les artistes de l’ère digitale se sont emparées du selfie, le vidant de son rôle purement consumériste et de conformisme social, pour en faire le digne héritier de l’auto portrait artistique féminin. Mais le stéréotype n’est pas encore mort. Il y a cette idée que quitte à exposer son corps, il faudrait donc que ce soit un corps correspondant aux "normes" de la désidérabilité masculine, pour justifier sa mise en avant. Il n'y a qu'à regarder l'essor de toutes ces influenceuses "Heath", "Yoga" "Wellness" prônant un corps très normé.

Certaines, à l'image de Kylie Jenner ou encore Emily Ratajkowski s'enferment certes dans cette "poupéisation" de leur corps, elles sont devenues l'incarnation humaine d'un fantasme sexuel masculin, une sorte de poupée gonflable en vie. Emily Ratajkowski qui par ailleurs se réclame féministe, et bien qu'on ne remette pas en question sa bonne volonté, cela nous surprend pourtant quelque peu après 4 secs de scroll sur son Instagram. Pourtant, elle présente son Instagram dans une interview à Paper Magazine comme une "magazine féministe". Babel ne s'est pas construite en un jour, mais cette déclaration laisse pantoise. Nous sommes ravies d'apprendre qu'elle s'affirme et se sent plus forte en s'affichant sexy et sensuelle, mais elle participe malheureusement également à ériger au rang d'objet le corps de la femme, et perpétuer des standards. Se sentir féministe et faire des actes féministes n'est pas tout à fait la même chose. Montrer son corps, certes, mais quid de posts partageant ses opinions sur les droits des femmes, amenant une grille de lecture critique à son feed ? Aucun. Donc notre chère Em Rata est absolument libre de faire ce qu'elle souhaite & de son corps, mais on lui serait reconnaissante de ne pas tout mélanger ! Attention au piège.

Je finirais par vous recommander un petit exercice : il est hyper drôle si vous en avez la possibilité de regarder vos vieux selfie et leur évolution au cours des ans. Je me suis moi même attelée à la tâche, c'était effarant. Disons que c'est un très bel état des lieux de l'évolution de sa confiance en soi !

Femmes & narcissisme dans l'art : révolutionner la représentation

 

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